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  • : Le blog de Petit Magicien
  • : Découvrez la grande aventure du Petit Magicien. Continuez à la faire vivre et grandir
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  • Petit Magicien
  • Je suis le Petit Magicien, né au Moulin du Roumégous, à  Saint-Antonin Noble Val, le 05-02-2007. J'étais seul et triste. 29 enfants de l'Ecole du Centre m'ont fait partager leur rêve et grâce à eux, aujourd'hui, je vis heureux avec mes amis.
  • Je suis le Petit Magicien, né au Moulin du Roumégous, à Saint-Antonin Noble Val, le 05-02-2007. J'étais seul et triste. 29 enfants de l'Ecole du Centre m'ont fait partager leur rêve et grâce à eux, aujourd'hui, je vis heureux avec mes amis.

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C'est un pré, un simple pré lové dans le coude d'une route tranquille, qui monte vers le plateau désert. Parfois plein de pluie ou de brume, il est aujourd'hui plein de soleil. Un noyer seul l'habite.
    Les buissons mauves qui le bordent, gardent dans leur chevelure ébouriffée, les nids noirs et défaits du trop furtif printemps.
    Venu de la ville profonde je me suis assis à l'orée d'un bosquet. La mousse est bonne, tendrement.
    De l'autre côté de la vallée, le Roc Rouge éclaire le jour de rougeoiements figés. Des corneilles passent. Sans dire mot, elles se succèdent, par petits groupes étirés. Dans l'air tiédi que rêveusement elles brassent, elles sont dignes. Suivent-elles le cours masqué de la Bonnette? Ont-elles toutes un même point de ralliement? Viennent-elles du Roc Deymié? Du Roc d'Anglars? Quel est leur éternel voyage?
    A force de silence et de paix, un lapereau apparaît, tout guilleret, à la lisière du bosquet. Immobile, il se méfie. Puis il fait un saut, se tapit dans l'herbe grise. Il lève la tête, dresse les oreilles, regarde de tous côtés? Enfin il se met à ronger, rassuré, le sarment qui pleure d'un roncier.
    Un merle le rejoint. C'est encore un signe de paix. C'est vrai: ce coin est tranquille. Nulle voix, nul bruit anormal n'en trouble la sérénité.

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    Qu'il est doux de rêver les yeux perdus dans un ciel quasiement pur! Qu'il est bon de se trouver avec soi-même, l'esprit libre, loin des contraintes bassement quotidiennes!
  
Distraitement, je suce une herbette dont le jus amer donne à ma bouche un goût de vérité.
A quelques pas de moi, une maisonnette démolie se garde sous le ronces qui lui font un abri.
    Le temps passe.
    J'attends le soir, son incendie, sa force enivrante. Allongé sur le dos, mes pieds sont à l'autre bout du pré. Je me souviens d'un lapereau qui gambadait près d'un merle. Il est toujours là-bas, près des buissons où il piétine un rond de trèfle. Le merle a disparu. Seul, il broute son besoin de pâture et c'est bien naturel.


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La pierre buvard  

Retrouvée cet après-midi, la pierre à poème abandonnée depuis une quinzaine de jours, dans un creux de roche, au bout de la côte de Sainte-Sabine.
    Un bien mauvais "papier" que cette pierre-là. C'est comme si je m'étais servi d'une pierre-buvard.
    Le minéral a bu l'encre et les lettres sont toutes déformées. J'ai pu cependant me relire.

Saint-Antonin - 1er Novembre 67

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Devant mon carnet

    Partout ma sale écriture, nerveuse, tracée en tous sens, raturée.
Des mots écrasés, brouillés par la pluie des mauvais jours, par des éclaboussures de boue, de terre. C'est vrai: j'écris par n'importe quel temps et en tous lieux.
    En déchiffrant mon carnet, je rêvasse. Ici et là, je retrouve l'automne dernier, les premiers jours de cet hiver qui s'achève.
    Je me laisse emporter au coeur même de mon pays. Je me vois arpentant ces hectares qu'inconsciemment j'ai toujours fait miens.
    Là, un envol de perdrix rouges...
    Ici, le gîte d'un lièvre...
    Plus loin le récri des chiens.
    Des noms de lieux m'hébergent, pour être liés à une bergerie, une grotte, un abri sous roche, une ruine.

    Je rêve...
    Et la machine attend que mes doigts se posent sur le clavier pour la faire chanter.

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    Tiens! un coléoptère. Et un joli, au fuselage métallique de couleur vert doré. J'approche mon nez. C'est une cétoine.
    Je l'observe. Pas de doute: elle en veut au quignon de pain de mon frugal repas.
    Je la chasse. Sans grande violence, bien sûr.
    Petit objet mécanique remonté par la clé de la vie, je la regarde battre mollement l'air avec ses six griffes griffues.
    Dois-je l'aider? Non, un brin d'herbe la sauve. Elle ne mourra pas sur le dos, comme une tortue piégée.
    Je ne pense plus à elle. Je regarde la grèze qui s'étend devant moi. Je mange.
    Voulant prendre le pain pour m'octroyer un "telhou" supplémentaire, quelle n'est pas ma surprise:
    L'incorrigible cétoine est encore là.
    Affamée? Peut-être. Mais mon pain, c'est mon pain. Je ne le partage pas avec n'importe qui.
    Nouvelle chiquenaude.
    Notre hanneton des roses se pend sous l'herbette.
    Adieu Madame! Et n'y revenez pas. Allez plutôt à vos fleurs, et s'il n'y en a point (ce n'est pas tout à fait la saison, c'est vrai), grimpez à votre arbre de prédilection et sucer votre provende naturelle.
    Je rassemble mes affaires, les range, essuie mon couteau, prends le pain pour le rouler dans la serviette.

    Ah non! Encore elle!
    Elle ou sa soeur? Je cherche dans l'herbe à l'endroit où je pensais l'avoir expédiée. Rien. C'est donc bien la même. et insecte court plus vite que je ne le pensais.
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